« INDONÉSIE ! »

De BOND, Brugge 2008, commissaire : Michel Dewilde.

« INDONÉSIE ! » est le nom par lequel les compagnons d’infortunes appelaient Madé...

« INDONÉSIE ! »
Website link :
http://blog.nadjavilenne.com/dotclear/index.php?2008/04/02/181-emilio-lopez-menchero-indonesie-2

Ses compagnons d’infortune l’appelaient « INDONÉSIE ! » parce que là, on ne s’appelle que par le nom du pays d’origine enregistré.

Elle c’est Madé.

Elle accompagnait des amis français qui sont venus s’installer à Bruxelles, et ses papiers à elle, étaient en cours de régularisation…C’était d’ailleurs ça le début de sa mésaventure…Ils étaient en cours…
La police décida de l’emmené menottes aux poings, au centre fermé de Bruges.

Là, elle apprit à tricoter pour passer le temps, elle y tricota pour la première fois de sa vie.

Là, on ne les appellent pas prisonniers, mais habitants…

Elle a été forcée de quitter le territoire européen, elle est repartie à Bali.

Bruges est une des villes les plus visitée au monde, des flux de touristes y viennent et aussi d’autres étrangers…

Lorsqu’on cherche sur Google : « centre fermé Bruges - images », apparaît à l’écran des chambres d’hôtel de luxe, aussi des manifestations d’extrême droite, avec des banderoles avec des slogans comme « l’Europe aux Européens ! »

L’exposition « INDONÉSIE ! » envahit la grande salle De Bond, située à proximité d’une des portes des remparts de la ville ancienne.

L’ exposition est composée de plusieurs interventions spatiales, d’objets, de dessins, de sons et d’une projection d’un reportage-vidéo.
On y rencontre un nuage d’oreillers (titre : « Willkommen, Bienvenue, Welcome ! »), un enclos grillagé avec deux façades-pignon brugeoise en escalier (titre : Brugse Huis) et le géant M. réalisé à Ath, weblink : http://www.emiliolopez-menchero.be/spip.php?article25)

En fond de salle, une bâche montre deux figures sans visages elles aussi, sciant une barrière.
Cette image est la schématisation d’un fait d’actualité où le premier ministre slovaque Robert Fico et le chancelier autrichien Alfred Grusenbauer ont protocolairement scié ensemble la barrière au poste frontière de Berg- Petrzalka, un vendredi à 00h01, instant où la Slovaquie s’intégrait à l’Europe.

Le géant M. m’a servi de cheval de Troie. Grâce à lui, nous avons pu, moi et mon équipe, caméra à l’épaule, pénétrer dans le centre fermé de Bruges où Madé passa plus d’une bonne semaine.

http://www.emiliolopez-menchero.be/spip.php?article54

En prétextant que nous voulions entretenir les « habitants » du CIB (Centrum voor illegalen te Brugge) nous avons pu établir une rencontre directe, réelle avec les "habitantes".

La caméra suit la promenade du géant M. au visage rose peau, habillé d’une chemise et d’une cravate, suivant les standards occidentaux, à travers le centre historique de Bruges.

Le parcours est jalonée d’une série d’interviews.
Je demandais aux touristes, en filmant leurs visages, s’ils avaient ce genre de personnage dans leurs traditions.

Exactement les mêmes questions furent demandées aux « habitantes » du centre fermé mais là, en filmant les pieds.
Les histoires racontées diffèrent, les histoires débordent du cadre…Les unes parlent de joie, de fête, les autres de pesanteur et d’attente.

Le montage final du film fut en partie censuré par les responsables du centre, prétextant des raisons de sécurité et aussi, du fait des prises de vues sur les portes et clôtures grillagées et les fils barbelés, qui n’étaient pas en accord avec le principe du lieu.

En aucun cas on ne peut montrer une image carcérale …Un décret de la commission européenne stipule que ces centres ne peuvent être assimilé à des prisons, donc aucune image ne peut officiellement suggérer l’idée d’une prison.

Une série de 15 grands dessins (150cm x 185cm) à l’encre de chine recouvrent les 27m du mur du Bond.

Elles montrent des images de souvenirs, d’instantanées de la rue, de l’actualité , comme un zapping télévisuel : le voile des femmes, les lignes jaunes aux sols, les antennes paraboliques…Aussi les lits superposés des travailleurs chinois, indiens, pakistanais et autres de la somptueuse ville de Dubaï.

On y construit un des hôtels ale plus étoilé, 7 étoiles ! Et dans un temps record !

Les travailleurs étrangers travaille 24h sur 24h, dorment par tournante, sur des lits superposés appelés lits chauds, parce qu’ occupé de manière permanente.









Ça et là, dans la salle, on entend des appels par nom de pays qui proviennent des mégaphones des quatre coins de la maison brugeoise grillagée.

De l’intérieur du nuage d’oreillers (hommage à la demandeuse d’asile nigériane Semira Adamou, tuée par étouffement avec un coussin par deux policiers belges lors d’une tentative d’expulsion), le refrain du film « Cabaret » jailli impudiquement, « Willkommen, Bienvenue, Welcome !!! », interrompant aléatoirement la chanson qui elle, se répète de manière étouffée et continue en fond sonore.

Un orifice situé dans le bas de la masse permet d’y pénétrer de plein corps.

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Emilio López-Menchero, artiste espagnol vivant à Bruxelles.

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Emilio López-Menchero
Atelier : 25 rue Ransfort, 1080 Brussels
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