2010-2012 exposé dans le cadre de "TRACK, une conversation de la ville", exposition du S.M.A.K. à Gand en 2012, (commissaires : Philippe van Cauteren & Mirjam Varadinis)
Ce projet fait partie de l’exposition organisée à Gand par Philippe Van Cauteren, directeur artistique du SMAK Gand, et Mirjam Varadinis, curatrice du Kunsthaus Zürich.
il se présente sous la forme d’un diptyque vidéo, résultant d’un processus social menée de 2010 à 2012 dans deux faubourgs de Gand, Moscou et Bernadette.
Quand en 2009, Pierre Muylle, curateur du SMAK, me propose d’intervenir dans ces deux quartiers périphériques de la ville de Gand, il me le fait comme s’il me donnait un verre de cristal qui peut se casser à tout moment. « C’est que » me dit Pierre « il ne s’agit pas d’un projet d’exposition avec beaucoup de « glamour », mais c’est quelque chose de sensible parce qu’il s’agit de lieux où vivent des gens… Des gens très loin du monde de l’art et qui vivent apparemment très bien sans le connaître, mais justement c’est cela ce qui m’intéresse dans ce projet » et poursuit-il « … Comment introduire quelque chose de poétique dans un monde sans venir le contrarier par excès de spectacularité, je veux dire peu à peu avec douceur et naturel ».
Moscou est le terminus du tram 4, et surtout c’est le nom donné d’un quartier situé dans une zone coincée entre deux voies de chemin de fer majeures qui se joignent quelques mètres plus loin pour rejoindre une gare à proximité ... Le quartier est une sorte de résidu de l’urbanisme. Il doit son nom curieux à la présence sur place d’un détachement de l’armée russe avant et après la défaite de Napoléon à Waterloo (1815).
Bernadette, située au côté opposé de la ville, est une cité-jardin, planifiée sur le modèle utopique de Ebenezer Howard .
Comme par esprit critique ou de contradiction vis-à-vis de certaines grilles d’analyses contemporaines sur ce qui différencie socialement et culturellement les habitants d’une ville, différences liées à l’environnement du logement, j’ai réalisé une série de portraits de Gand dans la logique sérielle formant une pièce.
En faisant du porte-à-porte dans les deux quartiers, j’ai demandé à chaque personne rencontrée de me chanter une chanson en face de la caméra et aussi, chose probablement plus difficile, de rester trois minutes immobile et en silence avant et après la chanson. La raison expliquée était leur participation à une sorte de concours musical avec l’équipe adverse, les habitants de l’autre quartier - une sorte de face-à-face sur deux écrans. Leur temps d’immobilité correspondrait à la durée de la performance chantée des autres personnes.
Tous les habitants des deux quartiers furent conviés à venir à la première, le jour de l’ouverture, pour devenir le principal public de leur propre match.
Le diptyque a été projeté dans la rotonde d’entrée de l’ancienne bibliothèque de Gand.
Il faut admettre que le public était particulièrement expressif et vivant ce jour-là ! ...