
Préalablement enregistrées, de boutique en boutique, toutes les réponses à la question « vous me sifflez un air ? », sifflées, chantées ou même parlées, furent diffusées à la suite l’une de l’autre, via le réseau de sonorisation de l’association des commerçants St. Gillois, au niveau de la chaussée de Waterloo, entre le Parvis et la Barrière de St. Gilles.
Je cherchais, dans le contexte qu’est mon quartier, à réaliser une frise sonore montrant, sans aucun jugement de valeur, tout témoignage, aussi infime fut-il, des commerçants des magasins à la rue. Il s’agissait pour moi d’une sorte d’inversion des intérieurs à l’extérieur.
Je me suis souvent intéressé à ces réseaux sonores dans les rues commerçantes, qui émettent des musiques standard, qu’on appelle aussi Musac et qu’on entend dans le monde entier. Produits de consommation pré-machés, elles ont pour but de mettre le client à l’aise, leur qualité première étant avant tout, d’éviter toute tonalité agressive, les tons aigus par exemple, pouvant heurter la quiétude des passants.
C’est pour cela d’ailleurs que ma question incitait au sifflement pour sa sonorité stridente.
Mais cette question était avant tout un prétexte pour révéler toute la richesse culturelle du quartier. De l’Internationale à un chant national asturien, d’un Raï à un Rap, d’une chanson grivoise bruxelloise à des chants d’étudiant du XVIe siècles, d’une chanson populaire portugaise à une chanson de la Star Académie, ou d’un « ne me quitte pas » à peine balbutié à un coup de sifflet violent, la matière ne manquait pas.

bloc-notes, micro-trottoir chaussée de Waterloo